Il y a trois semaines, nous rendions publics nos efforts de géolocalisation des votes et des bureaux de vote. On vous faisait part de nos problèmes, le principal résidant dans la médiocre qualité des documents envoyés par les préfectures.
Pour pouvoir exploiter un document et construire des applications avec, il faut que les données qu’il contient soient lisibles pour un ordinateur. Les phrases du type “Le 14e bureau se trouve à côté de l’église, place Michelet” sont à bannir. A la place, il faut une structure comme “numéro: 14; adresse: place Michelet”.
Beaucoup de bonnes volontés se sont manifestées pour nous aider, mais – et c’est normal – peu d’entre elles sont venues avec un chèque.
92% des préfectures nous ont envoyé les fichiers comportant les adresses des bureaux de vote (France métropolitaine uniquement).
63% des fichiers reçus ont été traités automatiquement et sont en train d’être géolocalisés.
Reste 37% de fichiers à traiter à la main. On a commencé par payer des gens pour saisir les données. Mais nos ressources financières étant ce qu’elles sont, cette option a dû être abandonnée.
Appelez les préfectures qui renâclent, ou allez carrément à l’accueil demander la liste des adresses des bureaux de vote.
Bouches du Rhône: 04 91 15 60 00
Haute-Corse: 04 95 34 50 00
Dordogne: 05 53 02 24 24
Eure: 02 32 78 27 27
Manche: 02 33 75 49 50
Marne: 03 26 26 10 10
Oise: 03 44 06 10 25
Seine-Maritime: 02 32 76 50 00
Si d’aventure vous obtenez quelque chose, envoyez-le à nkb /ät/ 22mars.com !
Aidez à transformer les pdf illisibles envoyés par les préfectures en données exploitables.
Pour cela, j’ai construit une application où vous pouvez vous adonner aux joies de la saisie de données. C’est rébarbatif, ennuyeux et inintéressant.
Mais si vous y passez deux minutes et que vous envoyez le lien à vos amis, vos collègues ou votre fille de 15 ans qui passe ses journées sur Facebook, on aura fait le boulot en quelques jours.
Comment ça marche ? Tutorial vidéo
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Vous voulez participez? C’est par là: http://tr.im/bureaux
Photo wallyg sur Flickr
]]>Je fais le constat suivante à propos du journalisme : l’implication de la communauté se fait quasi-exclusivement suite à la publication d’un produit fini qu’est l’article. Une fois l’article publié, il est soumis aux commentaires/discussions.
Il n’y a donc aucune interaction entre le journaliste et la communauté au cours du processus créatif (réflexion, documentation, rédaction), qui, comme c’est le cas pour des articles de fond, peut s’étendre sur de longues périodes. La proposition que j’ai formulée était d’ouvrir ce processus à la communauté. Plus précisément les étapes de réflexion et de documentation car je suis d’accord avec les journalistes d’InternetActu pour dire que la rédaction collaborative peut convenir pour certains formats (par exemple des comptes-rendus d’évènements) mais est laborieuse pour ne pas dire contreproductive dans le cas d’articles.
Les réticences à une telle ouverture me paraissent de trois ordres :
Les deux premiers blocages étant d’ordre psychologique, j’imagine qu’il n’y a que des essais qui peuvent devenir des habitudes… Je me heurte à ces mêmes blocages : j’avais fait vœux (dans mon premier post) de me servir de ce blog pour écrire sur des sujets “en cours de réflexion” (ce que je n’ai qu’esquissé). Cependant j’observe l’utilisation faite par certains (dontNicolas Nova) du blog pour publier des “morceaux” (par exemple des photos).
Ces morceaux peuvent prendre la forme d’interrogations, d’opinions, de photos, mais aussi de liens. Et là on s’aperçoit que nombreux sont ceux qui déjà donnent à voir si ce n’est leur réflexion “qui se fait” au moins les lectures qui nourrissent cette réflexion avec la publication de leurs bookmarks. Les morceaux sont des instantanés, rapides à publier et ne font pas l’objet d’une contextualisation poussée. Ils ne sont pas intégrés à une réflexion englobante au moment de leur publication. Ce sont donc des éléments laissés à l’interprétation de la communauté.
Par ailleurs ces morceaux n’ont pas seulement une valeur de “moyen” : leur valeur ne réside pas uniquement dans le fait qu’une fois articulés les uns aux autres ils peuvent conduire à un produit fini. D’une part ils ne finissent pas tous par trouver leur place au sein d’une production. D’autre part ils ont une valeur en tant que tel pour la communauté qui peut s’en nourrir et éventuellement les réutiliser dans ses propres productions. Enfin les journalistes ne sont pas les seuls à pouvoir contribuer des morceaux : leur communauté peut devenir une force d’enrichissement de leur pratique, non pas seulement en réaction à un produit fini mais au sein même de leur processus créatif.
Du point de vue de la structure d’accueil de tels morceaux les Tumblr ou Twitter semblent une alternative au blog classique par leur format et leurs usages plus orientés vers des publications courtes, destructurées. Le wiki ou Google Wave permettent eux la collaboration et ils ont l’avantage de centraliser l’échange et de ne pas être linéaires et rigides à la manière de forums. Wave offre de plus cette formidable possibilité qu’est le replay permettant à chacun de faire une session de rattrapage et de pouvoir reconstituer la chronologie des apports de chacun.
Le journalisme se caractérise aujourd’hui par son produit fini alors qu’il est bien plus que cela : il est un processus créatif. Ce processus a commencé son dévoilement au travers de la personnification du journalisme qui amène certains à alimenter régulièrement des communautés constituées autour de leur signature. La contribution collaborative autour de morceaux permet de raccourcir la boucle de publication/retour qui lie le journaliste à sa communauté. Le journalisme se conjugue au présent (pour éviter de parler de journalisme en temps réel).
A noter qu’une telle ouverture du processus créatif à la communauté implique une forme d’humilité vis-à-vis de sa communauté et de confiance en son intelligence (à elle).
—
> Article initialement publié sur SVN, le blog de Nils
]]>